De migrant à migrant - Comment un médecin guinéen au Maroc a donné un avenir à Aicha

Aicha, une jeune femme originaire de Kankan, dans la région de Kindia en Guinée, a été confrontée à des difficultés inimaginables depuis sa naissance. Orpheline et élevée par sa grand-mère malvoyante dans une pauvreté abjecte, Aicha a souffert de graves douleurs articulaires dès l'enfance.

Atteinte de drépanocytose et de polyarthrite rhumatoïde, elle se souvient : « J'ai toujours eu mal, depuis que je suis toute petite. Mais en Guinée, il n'y avait pas beaucoup de ressources pour me soigner correctement ».

En 2022, à 22 ans, Aicha entreprend un voyage plein d'espoir au Maroc, invitée par un cousin qui promet de soutenir son opération. Elle avait sur elle 65 000 dirhams (6 500 USD) économisés à grand-peine en Guinée. À son arrivée, son cousin s'est volatilisé avec l'argent, la laissant sans ressources dans un pays étranger.

Perdue et abandonnée, Aicha s'est mise à mendier pour survivre. « Lorsque je suis arrivée au Maroc, je ne connaissais personne. J'étais perdue et seule, sans aucun moyen de subsistance », a-t-elle déclaré.

Pendant six mois, elle a vécu dans des conditions désastreuses, malgré l'aide sporadique de voisins compatissants. « Chaque jour, je me demandais comment j'allais survivre. Les voisins étaient gentils, mais ce n'était pas suffisant », se souvient-elle.
Durant cette période tumultueuse, Aicha a rencontré Docteur Paul, un médecin guinéen spécialisé dans la chirurgie traumatologique à l'hôpital militaire de Rabat. Touchés par son sort, Docteur Paul et son épouse lui ont fourni un abri, de la nourriture et des soins médicaux. « Je suis infiniment reconnaissante au Docteur Paul. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenue », dit-elle.

Reconnaissant les limites de ses propres ressources, Docteur Paul a cherché de l'aide auprès d'associations locales et d'une église à Rabat, pour finalement entrer en contact avec l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Avec le soutien de l'OIM Maroc, Aicha a reçu une prothèse pour sa jambe, marquant un tournant dans son parcours et un sentiment de sécurité dans une période de grand besoin.

Aicha rêve d'une vie meilleure, loin des souffrances qu'elle a endurées. Bien qu'elle souhaite ardemment retourner en Guinée, ses besoins en matière de santé et l'absence de soutien familial dans ce pays rendraient sa vie autonome extrêmement difficile et feraient de cette option une option non viable. « J'aimerais rentrer chez moi, mais sans aide, je ne pourrais pas survivre là-bas » dit-elle.

Aujourd'hui, elle espère trouver refuge dans un centre spécialisé où elle pourra recevoir les soins nécessaires et peut-être apprendre un métier. « J'aimerais apprendre quelque chose de nouveau, comme la pâtisserie, pour avoir un avenir », confie-t-elle.

Docteur Paul, qui doit retourner en Guinée en 2025, cherche activement une solution permanente pour Aicha. Son dévouement souligne l'impact profond que la solidarité et l'humanité peuvent avoir sur la vie d'une personne. L'histoire d'Aicha est un rappel poignant des défis auxquels les migrants sont confrontés et des miracles rendus possibles par la compassion et le soutien.

L'aide reçue par Aicha a été rendue possible par le Programme intégré de protection des populations migrantes vulnérables et des communautés d'accueil au Maroc, financé par le Ministère des Affaires Étrangères des Pays-Bas. L'objectif global du programme est de contribuer aux efforts du Maroc pour renforcer l'accès aux services de protection intégrée pour les migrant.e.s et les communautés d'accueil. L'assistance reçue par Aïcha s'inscrit dans l'objectif spécifique de renforcer la protection et le bien-être des migrant.e.s en situation de vulnérabilité à travers la fourniture d'une assistance directe, y compris les soins de santé, l'assistance juridique et administrative.

En 2023, l'OIM Maroc a assisté 5 345 personnes avec des soins médicaux, y compris des consultations et des médicaments.