Redouane (37 ans) est arrivé à un point où il n'a plus eu d'autre choix que de quitter le Maroc. Confronté à un emploi sans avenir dans un bureau administratif et à la détérioration de l'état de santé de sa mère, Redouane avait du mal à joindre les deux bouts. 
« J'ai travaillé dans un bureau administratif à Tamelalt pendant cinq ans, faisant de mon mieux pour subvenir aux besoins médicaux de ma mère malade », explique-t-il. Frustré par l'absence de perspectives d'évolution professionnelle et désespéré par la maladie de sa mère, Redouane a envisagé pendant un certain temps l'idée d'émigrer pour améliorer sa situation. 
La perte de sa mère a été le coup de grâce, qui l'a plongé dans un profond désespoir et l'a poussé à prendre la décision de partir.
Il s'est alors mis en quête d'émigrer vers l'Europe. « J'ai d'abord pensé à traverser par la mer, mais je savais que c'était très dangereux, alors j'ai préféré passer par la Turquie », raconte Redouane. Accompagné de quelques amis, il a pris l'avion pour Istanbul et s'est dirigé vers la frontière turco-bulgare à Edirne.
Malheureusement, le voyage a été marqué par de nombreux contretemps. «J'ai franchi la frontière turco-bulgare à deux reprises, mais j'ai été arrêté à chaque fois et renvoyé en Turquie. La troisième fois, j'ai essayé de changer de cap et de me diriger vers la frontière serbe, mais ils m'ont arrêté là aussi », raconte-t-il. Au cours de ces voyages éprouvants, Redouane a perdu ses papiers et son espoir. « Ils m'ont obligé à retourner en Turquie à chaque fois. J'étais désespéré », dit-il. 
Ces échecs successifs ont affecté non seulement son moral mais aussi sa santé physique. « Nous marchions la nuit pour ne pas être arrêtés et nous nous reposions le matin.  Nous voulions juste nous rendre à Sofia en Bulgarie, mais c'était impossible », se souvient-il en décrivant les dix jours qu'il a passés à marcher à travers les forêts, à affronter le froid et la faim.
C'est au cours de cette période de désespoir qu'il a entendu parler de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de son programme d'aide au retour volontaire et à la réintégration. Il était alors clair qu'au lieu d'améliorer sa vie, la migration irrégulière le mettait en danger, et qu'il était temps de partir.  « Après trois tentatives, j'ai décidé de retourner au Maroc », explique-t-il.

Avec le soutien de l'OIM et les connaissances acquises lors de sa formation, Redouane envisage l'avenir avec un optimisme renouvelé. Photo : OIM Maroc

En 2023, 761 Marocains sont rentrés volontairement au Maroc avec le soutien de l'OIM, dont 70 % d'hommes.  La Turquie est le principal pays à partir duquel ils ont demandé à l'OIM une aide au retour volontaire et à la réintégration. 

«  L'assistance aux rapatriés marocains est guidée par les principes de l'approche intégrée de la réintégration développée par l'OIM en 2017 », a déclaré Ibtihaje Essemlali, point focal de la réintégration à l'OIM Maroc. « Le but ultime de cette approche est de couvrir de manière globale les besoins économiques, sociaux et psychosociaux des bénéficiaires tout en tenant compte des contextes communautaires dans lesquels ils retournent », a-t-elle ajouté.

 
Malgré ce voyage migratoire éprouvant, Redouane est finalement rentré au Maroc en mars 2024, plein d'espoir pour l'avenir. Une fois rentré au Maroc, Redouane a eu l'idée de créer une entreprise. 
« Depuis mon retour, j'ai eu l'occasion de vivre à Rabat dans la maison de mon père, où résident également mes frères. Étant donné que Rabat est une grande ville et qu'il y a une demande croissante de services de livraison, en particulier dans les secteurs du commerce électronique et de l'alimentation, je veux y créer une agence de livraison », a-t-il déclaré.

L'idée est venue à point nommé. Depuis la crise sanitaire COVID-19, les achats en ligne et le commerce électronique ont connu un essor remarquable dans le pays, en particulier dans les grandes villes comme Rabat. Cette expansion a considérablement augmenté la demande d'agents de livraison. 

Au cours d'un suivi d'assistance à la réintégration que le personnel de l'OIM fournit aux rapatriés marocains, Redouane a mentionné l'opportunité de profiter de la forte demande d'agents de livraison et de lancer son propre projet dans le secteur. A partir de là, le personnel de l'OIM a encouragé Redouane à développer son idée et lui a proposé une formation à l'entreprenariat, à la commercialisation et au marketing. 

Les sessions de formation ont répondu aux besoins de Redouane et se sont concentrées spécifiquement sur la culture de l'esprit d'entreprise, les techniques de marketing et la gestion de projet, en capitalisant sur les expériences migratoires des participants en les traduisant en compétences entrepreneuriales. Elles comprenaient également des sessions sur le soutien psychosocial et le développement personnel.
Grâce au soutien de l'OIM et aux formations en entrepreneuriat et en marketing qu'il a suivies, Redouane envisage l'avenir avec moins d'appréhension. 

« J'espère, avec l'aide de l'OIM, pouvoir tirer un trait sur le passé et prendre un nouveau départ », déclare-t-il avec détermination. Pour Redouane, chaque problème a une solution et il croit fermement à la nécessité de persévérer. 
« Il faut faire des efforts et ne pas perdre espoir. Si j'avais eu ce que je voulais, je n'aurais jamais pensé à quitter mon pays. Maintenant que j'ai goûté aux méfaits de la migration irrégulière, je veux lancer mon projet de livraison à Rabat et je rêve de fonder une petite famille. »  

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Les sessions de formation dont a bénéficié Redouane ont été mises en œuvre dans le cadre du programme COMPASS (Cooperation on Migration and Partnerships to Achieve Sustainable Solutions), une coopération stratégique entre l'OIM et le Ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Pour plus d'informations sur le programme COMPASS, consultez le site www.iom.int/compass.   

SDG 8 - TRAVAIL DÉCENT ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE
SDG 10 - INÉGALITÉS RÉDUITES
SDG 17 - PARTENARIATS POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS